L'Algérie en 1830, est un pays où l'islam s'est imposé depuis très longtemps. L'islam maghrébin est alors très encadré dans des structures confrériques qui ne s'arrêtent pas à la frontière d'un État. En Algérie, le culte religieux est également supervisé par les zaouia. Sa gestion est prévue à travers les habous, les biens de mainmorte qui ont été pieusement légués.
Toute une classe cléricale veille au grain spirituel. Des oulémas, enseignants en théologie, aux cadis, des magistrats, en passant par les muftis, jurisconsultes et les nadhirs des habous, les administrateurs des fondations pieuses. Pourtant, les Français, une fois débarqués, vont faire fi de cette histoire. Ils agissent comme en terrain conquis, comme s'ils avaient mis la main sur un territoire totalement vierge. L'ethnologue Jean Servier interprète dans son essai "Les Portes de l'année. Rites et symboles. L'Algérie dans la tradition méditerranéenne" (1962), le comportement des Français : « Trop souvent, sous-développement matériel a été naïvement confondu avec sous-développement spirituel, et l'Occident a voulu tout apporter dans des terres inconnues qu'il a prises pour des terres vierges, pourtant fécondées par d'antiques civilisations. » Cela va apparaître très clairement.
Pour les besoins militaires et administratifs, Alger, en peu de temps, va devenir un véritable chantier urbain. On métamorphose la cité arabe en ville européenne. « M. le général Clauzel […] forma une commission de voirie […], Le secrétaire de cette commission reçut pour mission de changer les noms de toutes les rues, ce dont il s'acquitta si bien que les habitants d'Alger ne se reconnaissaient plus dans leur propre ville », rapporte l'officier Edmond Pellissier de Reynaud, témoin des faits, dans ses Annales algériennes.
Plus loin il continue : « Les travaux de la route du fort de l'Empereur, et ceux d'une esplanade construite en dehors de la porte Bab-el-Oued, amenèrent la destruction de deux cimetières musulmans. »
Ce n'est pas le pire, Pellissier de Reynaud toujours, rapporte que l'« on s'empara aussi, sous le duc de Rovigo, de plusieurs autres mosquées pour divers services administratifs ». Les Français, à leur arrivée, avaient pourtant juré de respecter les lieux religieux, en particulier les mosquées. La promesse vient directement de Louis Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont. Il est le général en chef du corps expéditionnaire français et, une fois la victoire remportée, il se hâte de faire placarder sur les murs d'Alger une notice pour rassurer la population civile. « Je vous garantis […] que vos mosquées […] ne cesseront d'être fréquentées comme elles le sont maintenant […], que personne n'apportera d'empêchement aux choses de votre religion et de votre culte. » Le comte de Bourmont assure aussi que les lieux sacrés seront interdits aux non musulmans. Dans la réalité, il n'en sera rien.
Sur la presqu'île de Sidi-Ferruch se trouvaient trois constructions. La Torre Chica, une batterie de 14 pièces et une mosquée. L'ensemble était sévèrement gardé par un poste de janissaires veillant jalousement sur la mémoire et le caveau de Sidi-Fredj (Ferruch, le saint homme qui a donné son nom à la presqu'île), inhumé dans une kouba octogonale. « La châsse du marabout était incrustée de bois précieux et recouverte d'ex-voto et d'amulette en corail, en argent, en verroterie », dépeint l'écrivain Henri Klein. Après de durs combats, l'espace sera réquisitionné par l'armée française et, par la suite, la mosquée fera office de cabinet et de salle à manger pour Le comte de Bourmont, et la chapelle du santon, de chambre à coucher. Le pire est encore à venir : 17 ans plus tard, le lieu sacré est rasé. On édifie à sa place un fort militaire.
Toute une classe cléricale veille au grain spirituel. Des oulémas, enseignants en théologie, aux cadis, des magistrats, en passant par les muftis, jurisconsultes et les nadhirs des habous, les administrateurs des fondations pieuses. Pourtant, les Français, une fois débarqués, vont faire fi de cette histoire. Ils agissent comme en terrain conquis, comme s'ils avaient mis la main sur un territoire totalement vierge. L'ethnologue Jean Servier interprète dans son essai "Les Portes de l'année. Rites et symboles. L'Algérie dans la tradition méditerranéenne" (1962), le comportement des Français : « Trop souvent, sous-développement matériel a été naïvement confondu avec sous-développement spirituel, et l'Occident a voulu tout apporter dans des terres inconnues qu'il a prises pour des terres vierges, pourtant fécondées par d'antiques civilisations. » Cela va apparaître très clairement.
Pour les besoins militaires et administratifs, Alger, en peu de temps, va devenir un véritable chantier urbain. On métamorphose la cité arabe en ville européenne. « M. le général Clauzel […] forma une commission de voirie […], Le secrétaire de cette commission reçut pour mission de changer les noms de toutes les rues, ce dont il s'acquitta si bien que les habitants d'Alger ne se reconnaissaient plus dans leur propre ville », rapporte l'officier Edmond Pellissier de Reynaud, témoin des faits, dans ses Annales algériennes.
Plus loin il continue : « Les travaux de la route du fort de l'Empereur, et ceux d'une esplanade construite en dehors de la porte Bab-el-Oued, amenèrent la destruction de deux cimetières musulmans. »
Ce n'est pas le pire, Pellissier de Reynaud toujours, rapporte que l'« on s'empara aussi, sous le duc de Rovigo, de plusieurs autres mosquées pour divers services administratifs ». Les Français, à leur arrivée, avaient pourtant juré de respecter les lieux religieux, en particulier les mosquées. La promesse vient directement de Louis Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont. Il est le général en chef du corps expéditionnaire français et, une fois la victoire remportée, il se hâte de faire placarder sur les murs d'Alger une notice pour rassurer la population civile. « Je vous garantis […] que vos mosquées […] ne cesseront d'être fréquentées comme elles le sont maintenant […], que personne n'apportera d'empêchement aux choses de votre religion et de votre culte. » Le comte de Bourmont assure aussi que les lieux sacrés seront interdits aux non musulmans. Dans la réalité, il n'en sera rien.
Sur la presqu'île de Sidi-Ferruch se trouvaient trois constructions. La Torre Chica, une batterie de 14 pièces et une mosquée. L'ensemble était sévèrement gardé par un poste de janissaires veillant jalousement sur la mémoire et le caveau de Sidi-Fredj (Ferruch, le saint homme qui a donné son nom à la presqu'île), inhumé dans une kouba octogonale. « La châsse du marabout était incrustée de bois précieux et recouverte d'ex-voto et d'amulette en corail, en argent, en verroterie », dépeint l'écrivain Henri Klein. Après de durs combats, l'espace sera réquisitionné par l'armée française et, par la suite, la mosquée fera office de cabinet et de salle à manger pour Le comte de Bourmont, et la chapelle du santon, de chambre à coucher. Le pire est encore à venir : 17 ans plus tard, le lieu sacré est rasé. On édifie à sa place un fort militaire.
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