Encore n'était-ce qu'un avant-goût des événements à suivre. Les mosquées étant les lieux les plus spacieux de la ville, l'état-major français décide d'y installer les soldats. Ainsi, les lieux de culte se transforment du jour au lendemain en dortoirs, cantines, dépôts d'armements et de munitions, hôpitaux… « Le premier monument abattu fut Jamaa As-Sayyida […]. Les premiers éléments dataient du XIIe siècle et étaient donc contemporains des débuts de la construction de Notre-Dame de Paris », avance l'historien Alain Ruscio.
Vint le tour de la mosquée Ketchaoua, dont la construction date du mitan du XVe siècle et qui deviendra le symbole par excellence de la métamorphose de nombre de lieux de culte musulmans en temples chrétiens.
L'aménagement est on ne peut plus méthodique. À l'extérieur, bien visible, le minaret devient un clocher. À l'intérieur, dans le mihrab, une statue de la Vierge prend place. La fontaine à ablutions donne lieu à des fonds baptismaux. Pour couronner le tout, les nouvelles autorités coloniales cherchent l'adoubement de Rome. Le pape Grégoire XVI ne se fait pas prier. Le 9 août 1838, il promulgue la bulle « Singulari divinae ». Celle-ci atteste la reconnaissance par l'Église de l'évêché d'Alger dont le siège n'est rien d'autre que l'ancienne mosquée Ketchaoua ! Elle n'est la pas seule. Deux autres mosquées à Alger vont subir un sort identique. La mosquée El-Berrani devient en 1839 l'église Sainte-Croix après avoir servi de casernement militaire.
Enfin la mosquée Ali Bitchin, dans la kasbah, près de la fameuse Bab-el-oued, se voit rebaptiser en 1842 en « Notre-Dame des Victoires ». Si bien que deux décennies à peine après l'arrivée des troupes françaises, sur neuf grandes mosquées existant en 1830, seules quatre sont encore affectées au culte musulman. Et le reste du pays n'échappe pas à cette politique : Oran, Tlemcen, Cherchell voient leurs principales mosquées transformées en bain-douche, en hôpital militaire, etc. La mosquée Mohammed el-Kébir à Oran, après maintes péripéties, sera toutefois rendue au culte musulman en 1892. Avec le temps, cette frénésie destructrice va progressivement s'éteindre face à l'engagement de la société civile. Des hommes politiques, des artistes comme Eugène Delacroix, Ernest Feydeau ou Théophile Gautier, pour n'en citer que quelques-uns, s'insurgent contre les destructions et les transformations.
Au regard de cette histoire, la superbe construction de "Djamaâ El-Djazaïr" reflète sans doute un inconscient historique. Celui par lequel l'Algérie veut affirmer encore et toujours son identité arabo-musulmane spécifique. Plus qu'une mosquée, c'est un lieu de science et de connaissance.
Vint le tour de la mosquée Ketchaoua, dont la construction date du mitan du XVe siècle et qui deviendra le symbole par excellence de la métamorphose de nombre de lieux de culte musulmans en temples chrétiens.
L'aménagement est on ne peut plus méthodique. À l'extérieur, bien visible, le minaret devient un clocher. À l'intérieur, dans le mihrab, une statue de la Vierge prend place. La fontaine à ablutions donne lieu à des fonds baptismaux. Pour couronner le tout, les nouvelles autorités coloniales cherchent l'adoubement de Rome. Le pape Grégoire XVI ne se fait pas prier. Le 9 août 1838, il promulgue la bulle « Singulari divinae ». Celle-ci atteste la reconnaissance par l'Église de l'évêché d'Alger dont le siège n'est rien d'autre que l'ancienne mosquée Ketchaoua ! Elle n'est la pas seule. Deux autres mosquées à Alger vont subir un sort identique. La mosquée El-Berrani devient en 1839 l'église Sainte-Croix après avoir servi de casernement militaire.
Enfin la mosquée Ali Bitchin, dans la kasbah, près de la fameuse Bab-el-oued, se voit rebaptiser en 1842 en « Notre-Dame des Victoires ». Si bien que deux décennies à peine après l'arrivée des troupes françaises, sur neuf grandes mosquées existant en 1830, seules quatre sont encore affectées au culte musulman. Et le reste du pays n'échappe pas à cette politique : Oran, Tlemcen, Cherchell voient leurs principales mosquées transformées en bain-douche, en hôpital militaire, etc. La mosquée Mohammed el-Kébir à Oran, après maintes péripéties, sera toutefois rendue au culte musulman en 1892. Avec le temps, cette frénésie destructrice va progressivement s'éteindre face à l'engagement de la société civile. Des hommes politiques, des artistes comme Eugène Delacroix, Ernest Feydeau ou Théophile Gautier, pour n'en citer que quelques-uns, s'insurgent contre les destructions et les transformations.
Au regard de cette histoire, la superbe construction de "Djamaâ El-Djazaïr" reflète sans doute un inconscient historique. Celui par lequel l'Algérie veut affirmer encore et toujours son identité arabo-musulmane spécifique. Plus qu'une mosquée, c'est un lieu de science et de connaissance.
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