mercredi 18 mars 2020

Béchar : la ville aux mille et une facettes

Lorsque l’on évoque le sud-ouest du pays, il est indubitablement fait allusion à Béchar, capitale de la Saoura.
En effet, l’affluence vers cette contrée est de plus en plus importante et ne faiblit pas, en dépit de certaines insuffisances qui restent à relever, à l’exemple du manque flagrant d’infrastructures hôtelières dans la région et auxquelles est venue se substituer la fameuse formule «  hébergement chez l’habitant », moyen incontournable pour pallier cet état de fait et qui ne rebute point les étrangers.  Pourtant, la Saoura, l’une des régions les plus attrayantes du sud algérien, située dans cette vallée façonnée par l’oued qui en porte le nom, n’est pas uniquement synonyme de tourisme. Elle demeure encore fière de son histoire, dont les trois contrées les plus riches : Taghit, Kerzaz et les Ksour du nord.

Taghit et ses zaouïas

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Taghit - Béchar

Lorsque l’on cite Taghit (90 km au sud du chef lieu de la wilaya de Béchar), c’est forcément le potentiel touristique que renferme cette région qui nous vient à l’esprit : gravures rupestres, tourisme chez l’habitant, ski sur les dunes, etc. Mais Taghit, c’est aussi le berceau de deux zaouïas (Zaouïa El Fougania et Zaouïa Ettahtania) et dont l’historique remonte vers le XVIe  siècle.
 la zaouïa El Fougania.
 Elles tirent tout d’abord leur nom de leur position géographique, par rapport à la localité de Taghit, elle-même, entourée de villages satellites et disséminés comme Barrebi, Brika et Bakhti.
Vers le XVIe siècle  Sidi Brahim Ben Mohamed, venant de Saguiet El Hamra , décida de s’installer à Taghit jusqu’à sa mort . Son fils Sidi Boubekeur hérita de sa position et de son influence. Mais c’est , son successeur Sidi Abdelmalek Boungab qui fonda la zaouïa El Fougania. Les petits enfants de Sidi Abdelmalek Boungab  trop jeunes poursuivirent leurs études à Figuig (Maroc)  avant de revenir  diriger cette zaouïa. La Zaouïa El Fougania adopte une doctrine identique à celle de la Kerzazia et Ziania, dont les principes fondamentaux son Dikr et son Ouerd.
la Zaouïa Ettahtania
  C’est le quatrième fils de Sidi Othmane, Sidi M’Hammed,  qui fit construire la Zaouïa Ettahtania. Sidi M’Hammed n’avait pas de Dikr propre à lui et c’est l’un de ses descendants, Si Embarek qui en rapporta le Dikr des Tayba. .
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Kerzaz Ksar

KERZAZ : un pôle du savoir

Commune de la wilaya de Béchar ( récemment relié à la wilaya déléguée de Béni-Abbès), Kerzaz est constituée de trois principales localités : Megsem, zaouïa Kebira et Kerzaz Ksar. Mais ce qui la singularise , c’est qu’elle est traversée par  « la route des oasis » (RN 6) qui relie Sig, ville de l’ouest algérien (40 km d’Oran) à Timiaouine (extrême sud algérien  à la frontière du Mali, en passant par Béchar et Adrar).
C’est Sidi Ahmed Ben Moussa, fondateur de la zaouïa de Kerzaz qui en a fait, avant sa mort en 1573, un  pôle du savoir.La ville de Kerzaz a une histoire et des vestiges millénaires. Ses vestiges, Kerzaz les puise dans la construction et l’architecture traditionnelles de ses ruelles, ses impasses et ses maisons en dépit des aménagements modernes qui s’y sont infiltrés.
La ville de Kerzaz est aussi et surtout connue par sa zaouïa, véritable  pôle du savoir et lieu incontournable pour bien des tribus, de toutes les régions d’Algérie.
Kerzaz, c’est aussi un lieu de pèlerinage, à l’occasion du Mouloud Ennabaoui, pour des milliers de fidèles de la confrérie El Kerzazia,  annuellement, ils célébrent cette fête religieuse à la zaouïa El Kébira, où se trouve le mausolée de Sidi Ahmed Ben Moussa.
Mais cette ville renferme aussi plusieurs sites historiques, tels les ruines des ksour de Tazougar et bien d’autres ksour. Pôle touristique  peu fréquenté, Kerzaz est un trésor patrimonial . Une autre singularité de cette ville : une variété de dattes portant le nom du cheikh de la zaouïa, qu’on ne trouve nulle part ailleurs .

Ksour du Nord : témoins d’une longue  histoire

boukais bechar
Boukaïs- Béchar
Les ksour du Nord, trois communes de la wilaya de Béchar (Boukaïs, Mougheul et Lahmar) recèlent des potentialités naturelles, historiques et culturelles qui ne peuvent que susciter l’intérêt et la curiosité de tout visiteur. Situées au nord de Béchar (à respectivement 50, 40 et 30 km) et non loin de la frontière marocaine, ces ksour ont  joué un rôle important lors de la guerre de Libération, à l’instar d’autres ksour et zaouïas de la région. Celui de Boukaïs est l’un des plus anciens de la wilaya et sa fondation remonterait  à une quarantaine d’années avant l’avènement de l’islam  et son appellation « Boukaïs » a une consonance berbère qui signifie « ton père ô Farès », alors que  pour d’autres , son nom est tiré du mot « Boughamouk »  qui désigne une séguia.
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Mougheul-Béchar
 S’étalant sur une superficie de 6 hectares, ce ksar est un pôle touristique  prépondérants , avec ses nombreuses oasis, ses palmeraies et sa source millénaire.  L’autre ksar et non des moins importants, est celui de Mougheul, qui se distingue par son architecture d’inspiration musulmane, ses ruelles labyrinthiques et obscures et la concentration de ses habitants. Portes en bois sculpté, hall et colonnes en forme d’arcade, cheminée traditionnelle, le ksar de Mougheul à su conserver toute son authenticité. Avec son imposante palmeraie et sa séguia séculaire, ce ksar demeure le témoin d’une longue histoire, dont les habitants, à majorité berbérophone, ont su pérenniser leur patrimoine culturel qu’ils expriment à travers leur danse, connue sous le nom de « hidous ».
En fait, ce sont 125 ksars et sites historiques et archéologiques, à travers la wilaya de Béchar, qui en constituent toute la richesse.

TABELBALA :   ENTRE MYTHE ET LéGENDE

Depuis fort longtemps, Tabelbala a opté pour le ciment, la brique et le béton au lieu et place de la brique en terre (toub) et le tronc de palmier (des matériaux bien adaptés aux conditions climatiques de la région).
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TABELBALA - BECHAR

 Toute la ville est  un gigantesque chantier et pourtant, à Tabelbala, il n’y a ni hôtel, ni restaurant, ni autre structure d’accueil, et tous les visiteurs  ne peuvent compter que sur l’hospitalité légendaire des habitants de cette contrée.
Petite oasis enclavée au milieu d’une mer de sable, située à quelques 320 km, au Sud de Béchar et à quelques 1.400 km au sud-ouest d’Alger, Tabelbala s’étend à l’intérieur d’une palmeraie de 12 km , enlacée par l’Erg Erraoui et Djebel Kahal.
Tabelbala, constituée en fait de plusieurs petits villages et de deux principaux ksars (Sidi Zekri et Ksar Cheraïa), a toujours été le carrefour de plusieurs pistes chamelières.
Evoquer Tabelbala, c’est d’abord faire allusion aux sites préhistoriques qu’elle renferme, très riches en outils Pré-acheuléen et Acheuléen, ensuite, à son dialecte qui n’existe nulle part ailleurs, ses sept tombes géantes (Sebâatou Rijal) et son fort militaire. Un « Bordj » qui, d’ailleurs, il y a très longtemps, aurait été un lieu de halte du Sultan noir, avant d’être transformé en lieu de détention.
Ce dernier ayant vu le passage de personnalités politiques connues, à l’exemple de Habib Bourguiba, et bien plus tard, Ferhat Abbas.

Des tombes de 7 à 8 mètres

Plusieurs spécificités marquent cette région, et la rendent ainsi bien mystérieuse, à l’exemple de ses tombes géantes de 7 à 8 mètres de long et qu’une légende tente d’en expliquer l’existence.
Lors de la prière du Sobh, le muezzin aurait aperçu des flammes, non loin de la mosquée. Sur place, les fidèles venus s’enquérir de ce phénomène, découvrirent sept tombes encore fraîches et des traces de chameaux. Une coupole a alors été édifiée en l’honneur de ces 7 hommes, inconnus. Au bas du monticule, se trouve le cimetière appelé « Makbarek 66 M’Hammed ».
On raconte que 66 hommes, prénommés M’Hammed ont été tués lors d’une « razzoua » (bataille menée par une bande armée, au Sahara, pour piller) et sont enterrés dans cet endroit.
Une autre particularité de ce cimetière, c’est qu’il abrite certaines anciennes tombes, dont l’orientation des sépultures, contrairement à l’exigence musulmane qui veut qu’elles soient orientées vers l’est, sont orientées vers le sud.
Ces tombes seraient donc vraisemblablement antérieures à l’avènement de l’islam. Enfin, on retiendra également que les Belbalis parlent le korandjé, un dialecte difficile à comprendre.
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tombes géantes de 7 à 8 mètres

Un parler comme  nulle part ailleurs

Le Koranjé est, certes, une langue qui est parlée comme nulle part ailleurs, mais sa fonction essentielle demeure celle de lien social de la communauté Belbalie. . Ils sont tous musulmans et un grand nombre de mots de leur parler a une consonance religieuse.  Le orandjé serait donc une langue héritée des populations noires qui auraient précédé les berbères, puis les Arabes
.
Un musée à ciel ouvert

Tabelbala est aussi un musée à ciel ouvert, puisqu’au versant nord du mont Kahal, on y découvre de très riches ateliers d’industrie d’outillage atérien, alors qu’un autre atelier d’outillages préhistoriques est situé à 200 mètres des gisements de kaolin de différentes couleurs, près du ksar Makhlouf. Des outils de toutes formes et aux multiples usages témoignent encore de la présence des gens de l’époque, venus exploiter le kaolin, destiné à l’étanchéité des conduites souterraines, des foggaras ou pour la confection de poteries.Ce havre de paix au paysage vierge est aussi un lieu de méditation que le visiteur ne peut s’empêcher d’y retourner.
Tabelbala pourrait également, grâce aux potentialités dont elle dispose, devenir un pôle touristique probant, générateur d’une rente financière et créateur d’emplois. (  R.B - El Moudjahid).             

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