dimanche 28 avril 2024

Engouement des Algériens de l'étranger pour l'Algérie

 À Paris, il se passe quelque chose de dans les milieux de la diaspora algérienne qui connaît un engouement pour l'Algérie.

L'heure de l'organisation a sonné. Régulièrement, des cadres, des chefs d'entreprises, des élus et des médecins franco-algériens se rencontrent,  échangent, initient des projets pour se connecter, et jeter des ponts avec l'Algérie, bâtis sur les liens humains qui unissent la diaspora à son pays d'origine.

Avec la montée de l'extrême droite et de la stigmatisation permanente des musulmans, les Algériens de France cherchent à nouer ou renouer des liens avec l'Algérie. En France la communauté algérienne est l'une des plus intégrées, et paradoxalement, elle est aussi l'une des plus stigmatisées.

Chez les cadres algériens établis en France, l'heure n'est pas seulement à « l'exode inversé » pour fuir les stigmatisations. Beaucoup d'Algériens « bien installés » en France et dans d'autres pays étrangers ont plutôt fait le choix de l'organisation et de la fédération, dans le double objectif de « peser » face à la nouvelle situation et d'aider leur pays d'origine.

Parmi eux, Nisrine Batata Benlagha, Antar Boudiaf, Dr Omar Belkhodja, Abdelhak Hadjemi sont des membres de l'association « Awassir ». TSA est allé à leur rencontre à la salle Émir Abdelkader de la Grande Mosquée de Paris.

Diaspora algérienne en France : les « raisons » du réveil

Pour cette association qui active sous l'égide de la Mosquée de Paris, il ne s'agissait pas de faire un saut dans l'inconnu, mais plutôt de bien cerner l'approche, et comprendre l'environnement de l'autre rive de la Méditerranée.

Lors de la création de cette association, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a salué une « nouvelle énergie, éclairée et responsable, qui viendra soutenir et développer les actions de la Grande mosquée de Paris pour la diaspora algérienne, pour les relations prospères entre la France et l'Algérie ».

« Il y a une nouvelle génération  en France qui était dominée par la classe ouvrière. Aujourd'hui, la composante algérienne est dominée par des intellectuels, des chercheurs, des médecins, des chefs d'entreprises. Ils veulent apporter un plus à l'Algérie. Ils ne cherchent pas des privilèges, mais veulent y investir pour les chefs d'entreprises,  faire évoluer le système de santé en Algérie s'ils sont médecins…», développe Abdelhak Hadjemi, vice-président d'Awassir.

« Il y a une nouvelle génération de la communauté algérienne établie en France »

En parlant de médecine, Awassir porte un projet initié par le Dr Omar Belkhodja, l'un des plus anciens urgentistes en France, avec trois médecins urgentistes qui cumulent chacun une expérience de plus de 30 ans. Il s'agit du Dr Souad Sekai, Faiza Dib et Karim Bedrici.

« Je pense que la problématique des urgences est mondiale. Ce qui est important est de ne pas remettre en cause la formation des médecins en Algérie qui est excellente. Il pourrait y avoir un travail organisationnel, c'est-à-dire gérer le flux des malades qui arrivent aux urgences, l'orientation des patients pris en charge par les urgences… », détaille le Dr Omar Belkhodja qui veut mettre, avec ses collègues, leurs années d'expertise au profit de l'Algérie.

Un projet pour l'Algérie mené par le Dr Omar Belkhodja, un des plus anciens médecins urgentistes en France

Le Dr Belkhodja a déjà travaillé avec l'Algérie. Son équipe a participé à la création du SMUR de l'EHU d'Oran en 2016 et pendant la crise du Covid-19, elle a accompagné le service des urgences.

« Je veux mettre mon expérience au service de l'Algérie », insiste le Dr Belkhodja qui dit ignorer le fonctionnement des urgences algériens. « Nous voulons faire un état des lieux avec les autorités pour identifier les besoins et les priorités », explique-t-il.

Le travail en Europe est déjà entamé. « Nous souhaitons avoir un Awassir par pays, par exemple Awassir Algérie, Awassir France… Aujourd'hui, nous sommes en discussion pour le lancement d'Awassir en Italie, en République Tchèque, en Espagne, au Royaume-Uni et en Allemagne. 

Diaspora algérienne en France : les « raisons » du réveil

L'association en est à ses balbutiements. Elle n'a été lancée que début mars dernier, mais un travail en amont a été effectué pendant deux ans et demi.

« Notre association a été créée officiellement en décembre 2023, mais elle existe depuis plus de deux ans. Un travail a été fait en amont avant la création officielle. Nous avons tenu de nombreuses réunions à la Grande mosquée de Paris avant de la créer », explique Antar Boudiaf, président de Awassir, l'une des associations de la diaspora algérienne.

Lors de la création de cette association, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a salué une « nouvelle énergie, éclairée et responsable, qui viendra désormais soutenir et développer les actions de la Grande mosquée de Paris pour la diaspora algérienne, pour les relations prospères entre la France et l'Algérie ».

Cet « engouement » des Algériens de l'étranger pour le « rassemblement », Antar Boudiaf, l'explique par « la main tendue par l'Algérie à travers le président Abdelmadjid Tebboune pour la communauté algérienne établie à l'étranger » et surtout par « le contexte politique très compliqué » en France, en Europe.

« Cette volonté de se rapprocher les uns des autres est voulue parce que le contexte politique est très compliqué pour nous. On a besoin de se sentir forts et pour qu'on soit forts, il faut qu'on soit ensemble. Il faut qu'on puisse peser, parce que la seule chose qui compte, ici, ce sont les rapports de force. Il faut se fédérer et se rassembler », insiste Antar Boudiaf.

Abdelhak Hadjemi, directeur business et développement dans un cabinet de conseil et président du Club Algérie XXI, pointe un autre aspect lié au changement de la composte de l'immigration algérienne en France.

« Il y a une nouvelle génération de la communauté algérienne établie en France qui était dominée par la classe ouvrière. Aujourd'hui, la communauté algérienne est dominée par des intellectuels, des chercheurs, des médecins, des chefs d'entreprises. Tous veulent apporter un plus à l'Algérie. Ils ne cherchent pas des privilèges quelconques, mais veulent y investir pour les chefs d'entreprises, voire comment faire évoluer le système de santé en Algérie s'ils sont médecins… La diaspora algérienne est demandeuse pour apporter un plus pour le pays. C'est le point fort de cette nouvelle génération qui est celui d'Awassir aussi », développe Abdelhak Hadjemi.

« Il y a une nouvelle génération de la communauté algérienne établie en France »

En parlant de médecine, Awassir porte un projet initié par le Dr Omar Belkhodja, l'un des plus anciens médecins urgentistes en France, avec trois médecins urgentistes qui cumulent chacun une expérience de plus de 30 ans. Il s'agit du Dr Souad Sekai, Faiza Dib et Karim Bedrici. Pour lui, le maître mot est la collaboration.

«Le projet des urgences est approché avec un état d'esprit de collaboration et de coopération avec l'Algérie. La problématique des urgences n'est pas propre à la France ou l'Algérie, elle est mondiale. Ce qui est important est de ne pas remettre en cause la formation des médecins en Algérie qui est excellente. Il pourrait y avoir un travail organisationnel, c'est-à-dire comment gérer le flux des malades qui arrivent aux urgences, l'orientation des patients une fois pris en charge par les urgences… », détaille le Dr Omar Belkhodja qui veut mettre, avec ses collègues, leurs expertises au profit de l'Algérie.

Un projet pour l'Algérie mené par le Dr Omar Belkhodja, un des plus anciens médecins urgentistes en France

Le Dr Belkhodja a déjà travaillé avec l'Algérie. Son équipe a participé à la création du SMUR de l'EHU d'Oran en 2016. Pendant la crise du Covid-19, elle a accompagné le service des urgences.

« On voudrait continuer et élargir vers les services des urgences en Algérie. Nous comptons sur l'appui de notre gouvernement, d'Awassir, du recteur de la Mosquée de Paris pour nous accompagner », espère le Dr Belkhodja.

« Je veux mettre mon expérience au service de l'Algérie », insiste le Dr Belkhodja qui dit ignorer le fonctionnement des services des urgences des hôpitaux algériens. « Nous voulons faire un état des lieux avec les autorités algériennes pour identifier les besoins et les priorités », explique-t-il.

« Nous souhaitons avoir un Awassir par pays, par exemple Awassir Algérie, Awassir France… Aujourd'hui, nous sommes en discussion pour le lancement d'Awassir en Italie, en République Tchèque, en Espagne, au Royaume-Uni et en Allemagne. Cette association « s'adresse aux talents et aux compétences de la diaspora algérienne en France et ailleurs ».


« Nous voulons peser dans la relation franco-algérienne »

Nous souhaitons être des membres actifs des deux côtés de la Méditerranée avec des projets qui touchent à la santé, business, culture, art.

En France, le chemin parcouru est respectable. « Nous avons un bureau de 14 personnes, un comité d'honneur et un Conseil national de 150 personnes », se félicite Nisrine Batata Benlagha.

En France, le vivier est plus que riche. Des cadres d'origine algérienne par milliers dans tous les secteurs, notamment des médecins et des chefs d'entreprise.

L'autre idée des concepteurs de l'association est de l'organiser en corporations. Quatorze corporations se rencontrent à Awassir, chacune dans une commission. L'ambition est d'arriver à un représentant, voire deux, pour chaque corporation, selon Nisrine Batata Benlagha.

« Notre principal objectif est de devenir clairement ce réseau qui permet à différents secteurs d'activité, à différentes personnes aux profils diversifiés d'apporter chacun sa pierre à l'édifice et d'aider notre pays, l'Algérie, mais aussi de compter et de peser dans la relation franco algérienne puisque c'est le pays où nous résidons aujourd'hui », explique Nisrine Batata Benlagha.

Le moyen le plus efficace de se rendre utile à l'Algérie est d'y lancer des « projets simples et réalisables », avance Antar Boudiaf. Plusieurs projets portés par Awassir sont déjà mûrs et prêts à être lancés.

Les projets envisagés « touchent à la santé, au business, la culture, l'art… », résume Nisrine Batata Benlagha.

Dès le mois prochain, deux groupes de seniors algéro-français, de 100 personnes, bénéficieront d'un circuit thermal  à Oran et Annaba.

En juillet, pas moins de 2.000 enfants de la diaspora partiront de Paris, Lille, Marseille et Lyon en colonie de vacances avec la prise en charge de l'État algérien et de la collaboration de la mosquée de Paris.

Comment la diaspora algérienne est vue d'Algérie ?

Abdelhak Hadjemi annonce un projet sur la Casbah d'Alger à la Grande mosquée de Paris « dans le but de promouvoir le patrimoine algérien à l'international » et un autre en préparation avec le Centre culturel algérien de Paris.

Le président de l'association a insisté aussi sur la « citoyenneté », annonçant un travail de sensibilisation envers la diaspora algérienne en vue des prochaines élections présidentielles en Algérie et Européennes dans le vieux continent.

Humbles, les membres d'Awassir, comme la majorité de la diaspora algérienne, ne se présentent pas comme donneurs de leçons ou plus compétents que les Algériens résidents. Nous sommes pareils, la seule différence, c'est que nous vivons à l'étranger. Et ce n'est pas toujours un cadeau », conclut Antar Boudiaf.


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