samedi 3 février 2024

M'SILA - L'activité artisanale consistant à fabriquer le "Mahres" (mortier en bois massif), outil essentiel servant à la préparation de "Slatat el marhres" ou "Z'viti", un mets épicé sentant bon la galette, le piment, la tomate fraiche et la coriandre, auquel on ajoute un soupçon d'ail, reste, à n'en pas douter, l'apanage de la région du Hodna.

Le savoir-faire des artisans spécialisés 
dans la fabrication du  "Mahres",


 un outil toujours accompagné de son pilon (taillé également dans le bois), s'est de tous temps transmis de génération en génération.

 

L'apparition, au fil des années, de matériaux modernes, souvent électriques (donc plus rapides et moins éprouvants), n'a jamais eu raison du "Mahres" traditionnel.

De forme conique, d'une hauteur moyenne de 60 à 80 cm (cela dépend du nombre de personnes à table) évasé sur le haut et légèrement aplati à sa base, il est ensuite évidé pour recevoir les ingrédients du "Z'viti" dont on se délecte avec des cuillères de bois. Ses parois sont épaisses à dessein pour garder la nourriture au chaud et lui faire conserver ses arômes. C'est aussi l'un des rares ustensiles servant autant à la préparation du mets qu'à sa dégustation.

La fabrication du Mahres est encore très répandue dans le Hodna. De nombreux ateliers voués à cette activité sont encore ouverts à M'sila, à Bou Saâda et dans plusieurs autres localités de la région.

L'artisan Omar Foudili, un orfèvre en la matière élisant domicile à Bou Saâda, parle du Mahres avec la même passion qu'il met à le fabriquer : "Vous savez, fabriquer un Mahres demande une semaine, il faut choisir le tronc d'arbre, sa taille, s'assurer qu'il provient d'une essence noble, chêne, pin, eucalyptus ou amandier, avant d'entamer sa mise en forme.

L'artisan enchaîne : "la fabrication du Mahres se fait manuellement, de la manière que m'a enseignée mon père, en utilisant des outils simples, marteau, petite pioche, scie, ciseau et gouge à bois et, surtout, précision, dextérité et savoir-faire car le bois, pour éviter qu'il ne se fissure, doit être travaillé avec  soin". Arrivent alors, "les finitions, brûlage, ponçage et teinte, cette dernière étant définie selon le désidérata du client".

De son côté, Ayache Dakhouche, un artisan basé au lieu-dit Khebab, dans la commune de Souamaâ, souligne que le prix d'un Mahres varie en fonction de sa taille et du type de bois utilisé. Cela va de 2.000 jusqu'à 12.000 DA lorsqu'il s'agit de chêne (appelée localement El kerrouche), un bois réputé pour sa résistance et sa durabilité.

Mabrouk Douffi, président de l'Association de Bou Saâda pour le développement de l'artisanat, affirme que la fabrication des Mahres "a toujours gardé sa place dans la société, à Bou Saâda.

Une forte demande pour l'acquisition d'un Mahres

 Amar Touama, commerçant, patron d'une boutique située au marché des activités artisanales de Bou Saâda, affirme que le Mahres n'est plus demandé par les habitants de la région, uniquement, mais aussi par des visiteurs et des touristes de passage. 

Ahmed, un visiteur d'Alger affirme se trouver à Bou Saâda pour "la découverte de la région mais aussi pour l'achat d'un Mahres". Il assure qu'étant originaire de Bou Saâda, il "ne peut imaginer son appartement, dans la capitale, sans la présence d'un Mahres de bonne taille" car, ajoute-t-il encore, "il s'agit, chez un Bou Saâdi, d'un des ustensiles de base dans chaque demeure, surtout pendant l'hiver".


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Engouement des Algériens de l'étranger pour l'Algérie

  À Paris, il se passe quelque chose de dans les milieux de la  diaspora algérienne  qui connaît un engouement pour l'Algérie. L'heu...