On doit le "Tassili", camembert algérien, à Jules Molina, qu'il a fabriqué alors qu'il était directeur technique à l'Onalait (Office national du lait).
Jules Molina est né le 8 février 1923 à Perrégaux (Mohammedia, dans la wilaya de Mascara), dans une famille d'immigrés espagnols. il adhère au Parti communiste algérien (PCA).
En 1950, il est élu au bureau régional d'Alger dirigé par Ahmed Mahmoudi et Rachid Dali Bey. Il prend la direction de son imprimerie (qui était aussi celle d'Alger Républicain), à Bab El Oued. De cette imprimerie, sortait Liberté, organe central du PCA, mais aussi L'Algérie Libre, organe central du MTLD, et Le travailleur algérien (de la CGT d'Algérie) ainsi que leurs tracts et affiches.
En septembre 1955, le PCA, son journal, Liberté, et Alger Républicain sont interdits. Le PCA monte alors une imprimerie clandestine. Pour les autorités coloniales, le responsable de l'imprimerie est Jules Molina. Début avril 1956, il est arrêté par la DST (Direction de la surveillance du territoire) qui le conduit dans ses locaux à Bouzaréah où il est torturé.. Il ne dira rien et sera écroué à la prison Barberousse (Serkadji). Il est mis dans une cellule avec Paul Caballero et Claude Duclerc, eux aussi membres du PCA....
Dans la cellule d'en face, se trouvait Rabah Bitat. Huit mois après son incarcération, Jules Molina passa devant le tribunal où il fit une déclaration politique, dénonçait les conditions de son arrestation et terminait ainsi : "je suis en prison parce que je suis communiste". Il fut condamné à 18 mois de prison ferme et transféré à la prison d'El Harrach.
En mars 1957, en procès en appel, il eut la chance d'être relaxé et de quitter la prison sans être transféré au camp de Lodi à Médéa, spécialement créé pour les Algériens d'origine européenne qui étaient soupçonnés de participer à la lutte pour l'indépendance. Il se rend à Oran où est installée sa famille. Il est recruté comme directeur technique à la Centrale laitière d'Oran.
Il continuera, jusqu'à la fin de la guerre, de militer pour l'indépendance dans les rangs du PCA et du FLN. l utilisait pour son travail une camionnette, celle où on peut mettre du matériel derrière et il transportait des armes qui étaient livrées aux maquis de l'ALN (Armée de libération nationale)".
Après 1962, Jules Molina est directeur général de la Centrale laitière d'Oran et en même temps membre du PCA (dissous en novembre 1962 par Ben Bella, mais ayant maintenu un fonctionnement clandestin).
Jules Molina fit jouer sa bonne relation avec Rabah Bitat (qui était ministre des Transports) pour qu'il intervienne auprès de Boumediene en faveur des communistes arrêtés en septembre 1965, notamment Paul Caballero, Jacques Salort et William Sportisse.
Jules Molina avait aussi d'excellentes relations avec Said Ait-Messaoudène, Messaoudi Zitouni et Bachir Rouis, qui seront tous trois ministres sous la présidence de Chadli Bendjedid (1979-1992).
Marginalisé par l'Histoire.
Il ne quittera l'Algérie qu'en 1989, à contrecœur. 20 ans plus tard, à la veille de sa mort, il rédige ses mémoires et les transmet à sa famille…. (Vies de Jules Molina" Paris, Editions de la Sorbonne – Alger, Editions Barzakh, 2020).
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