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mercredi 24 septembre 2025

L'Émir Khaled : le précurseur que l'histoire a failli oublier

 

L'Émir Khaled : l'ancêtre oublié du nationalisme algérien

Il y a plus de 80 ans disparu un géant de l'histoire algérienne. Khaled El Hassani Ben El Hachemi — plus connu sous le nom d' Émir Khaled — n'était pas seulement le petit-fils de l'Emir Abdelkader. Il fut l'un des premiers à porter haut, clair et fort, la voix d'une Algérie libre, égale et digne.


Héritier d'une légende, artisan d'un nouveau combat

Né à Damas le 22 février 1875 , Khaled grandit dans l'ombre tutélaire de son grand-père, symbole de la résistance anticoloniale du XIXe siècle. Mais contrairement à Abdelkader, dont l'arme fut l'épée, Khaled choisira la plume, la tribune et la loi comme outils de libération.

De retour en Algérie en 1892 avec sa famille, il s'installe à Bou Saâda après un bref passage à Médéa. Envoyé en France pour étudier — au lycée Louis-le-Grand, puis à Saint-Cyr —, il refuse la naturalisation et ne rejoint l'armée française qu'à contrecœur, obtenant tout de même le grade de capitaine , le plus élevé alors accessible à un « indigène ».

Bilingue, cultivé, ancré dans sa foi islamique tout en maîtrisant les codes de la République française, il incarne une double identité qu'il transformera en force politique.


1919 : l'année où tout bascule

La fin de la Première Guerre mondiale change la donne. Des dizaines de milliers d'Algériens sont des revenus du front, porteurs d'espoirs trahis. Le président américain Woodrow Wilson proclame le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. À Alger, des élections municipales sont organisées.

Avant le FLN, il y eut Khaled

Khaled, âgé de 44 ans, décide de passer à l'action. Il se présente aux élections de novembre 1919 … et gagne .

C'est le début d'un mouvement politique audacieux : le Khalédisme . Ni assimilation, ni séparation radicale — mais l'égalité réelle entre citoyens français et musulmans algériens.


Un programme révolutionnaire pour son époque

En 1920, il fonde le journal El Iqdam (« L'Audace ») et crée l' Association Fraternité algérienne pour la défense des droits de l'homme . Dans une lettre mémorable adressée au président français Édouard Herriot — qu'il intitule « Programme de nos revendications fondamentales » —, il exige :

  • La représentation paritaire à l'Assemblée nationale
  • L' abrogation du code de l'indigénat
  • L' accès égal à toutes les fonctions civiles et militaires
  • La liberté de presse, d'enseignement et d'association
  • La séparation de l'Islam et de l'État colonial
  • L' application des lois sociales aux travailleurs algériens

Ces revendications, radicales pour l'époque, font de lui le père intellectuel du nationalisme algérien moderne .


Persécution, exilé… mais jamais vaincu

Face à son influence grandiose, la colonie panique. En 1920 , la presse française en Algérie le traité d'« agitateur » et réclame son internement. Mais cette répression ne fait qu'amplifier sa popularité. Sur le surnomme « le symbole du nationalisme algérien » ou « le héraut du panarabisme » .
 L'Émir Khaled : le premier cri de l'Algérie libre

En 1923 , les autorités françaises l'expulsent d'Algérie. Exilé en Égypte, puis en Syrie à partir de 1926, il devient président d'honneur de l'Étoile nord-africaine — l'ancêtre du FLN. Même loin de son pays, il continue de militer, incarnant la Renaissance ( Ennahda ) de la nation arabo-musulmane.


Mort en exil, vivant dans les mémoires

Le 9 janvier 1936 , à Damas, l'Émir Khaled s'éteint à l'âge de 61 ans , quelques jours après la mort de son épouse. La presse musulmane d'Algérie lui rend un hommage vibrant :

« L'Algérie pleure en lui le chevalier, le militant, dont le grand nom reste étroitement lié au mouvement Jeune Algérien qu'il a animé de son souffle puissant et nourri de l'ardeur de sa foi. »

 Khaled, l'héritier qui osa défier la République

Son combat inspirera directement les Oulémas algériens , dont Abdelhamid Ben Badis, qui rejetteront l'assimilation coloniale comme une menace existentielle pour l'identité nationale.

Pourquoi Khaled compte encore aujourd'hui ?

Parce qu'il a osé réclamer l'égalité avant l'indépendance . Parce qu'il a utilisé le droit contre l'injustice , la langue de l'occupant contre l'occupation . Et parce que, dans un siècle marqué par la violence, il a choisi la dignité par la parole .

Exilé, mais jamais oublié : la flamme de l'Émir Khaled

L'Émir Khaled est le chaînon manquant entre la résistance du XIXe siècle (Abdelkader) et le nationalisme du XXe siècle (Messali, Ben Badis, FLN). Son héritage mérite d'être redécouvert, enseigné… et célébré.

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