dimanche 5 février 2023

Takourth, qui s'appelle aussi thaghlalt.

Il y a un jeu traditionnel commun à toute l'Afrique du nord c'est bien : Takourth. Pratiquée au début du printemps et entourée de plusieurs rituels, 
Takourth est censée assurer une végétation abondante, il ne s'agit pas d'un simple sport puisque le jeu a toujours un caractère plus au moins religieux. Dans plusieurs régions ce « jeu est réservé aux tolba et là où tout le monde y joue, les tolba y jouent à part ou d'une façon spéciale ». Le but de ce jeu était de demander la pluie pendant la saison de sécheresse.

Thakourth chez les Chaouis 

Dans l'Aurès, les hommes jouent à Takourth à partir du 15 Fourar, c'est-à-dire le 28 février du calendrier grégorien. Les enfants, quant à eux, peuvent y jouer n'importe quand. A Tagoust, la tradition imposait de mettre en lice deux moitiés du village. Chez les Aïth Ferah se sont carrément les deux çoffs ennemis traditionnels qui vident ce jour là une querelle ancestrale. Tant dis qu'à Menaâ, le combat opposent les hommes du même arch : les mariés contre les célibataires. L'anthropologue chaoui, et assistant d'André Basset : Amor Nezzal avait décrit le déroulement d'une partie de Takoureth : «C'est sur les aires que les gens jouent à Takoureth …. On se partage en deux groupes ; lorsqu'on a fixé la limite où ''boira'' la Thakoureth, l'un la prend, la met dans le petit trou qui est au milieu de l'aire et que l'on appelle terga ; il place sur elle trois ou quatre pierres. « Lorsqu'il a dit à ses camarades ''que chacun prenne son côté ! Attention à vous ! '' Il commence à la dégager avec sa crosse, peu à peu, avec l'un de ses adversaires : lorsque la Takourth sort, celui qui est à côté d'elle la frappe avec sa crosse ; ceux qui la font parvenir à l'extrémité de l'aire disent ''nous lavons fait boire''. La takourth est un peu plus grosse que le poing : on la taille dans du bois vert ; elle est lourde ; c'est pourquoi elle siffle (en l'air) lorsqu'elle est envoyée par quelqu'un qui s'y connaît ; les garçons n'aiment pas celle qui est légères ; ce sont les femmes qui jouent avec elle. « Les bâtons avec lesquels on joue sont courbés, tu dirais une canne ; on les appelle Tiqabbalin ; ils sont en chêne ou en d'autres espèces de bois qui ne se brisent pas facilement. Le jour du printemps il n'y a pas que les garçons qui, jouent à thakourth ; ce jour-là les hommes y jouent aussi, groupe contre groupe ; chez les Aïth Frah , les Aïth Atman jouent contre les Aïth Ouammas depuis que le ''d'hour'' est passé jusqu'à ce qu'il fasse nuit ; ceux qui la font boire les derniers remontent [chez eux] en invectivant les vaincus.

A Constantine, 
Ce jeu qu,on appelle El koura était pratiqué dans la région de Constantine avec une balle confectionnée avec des bouts de chiffon

Takourth chez les Touaregs 

Germaine Tillon avait noté que les Imakalkalen appellent le jeu takerikera (pl.tikerikerouan) et ils appellent la balle karey , à Djanet ils disent tkikara, André Chaventré a signalé karikari chez les Kel Tématay , et pour l'Ahaggar le père Foucauld a écrit takrika (pl.tikrîkraoun) . Chez les touaregs comme en Mauritanie, et pour les mêmes raisons climatiques, la renaissance de la végétation ne s'appelle pas le printemps mais l'hivernage. Les touaregs jouent taousit contre taousit , « la taousit touarègue ressemble au clan et , par conséquent , elle diffère un peu moins d'une ferqa ( tarfiketh) aurésienne (où l'on est parent ) que d'un 'arch ( où l'on est concitoyen ) , car , dans la taousit , on est à la fois l'un et l'autre , … le 'arch maghrébin est une mini-république et la taousit une monarchie » . La balle s'appelle karey , et elle est placée à peu près à égale distance des deux campements –toujours fort éloignés l'un de l'autre- . L'aire de jeu est donc pratiquement illimitée, car limitée par le désert. L'équipe qui renvoie la balle, dans son propre camp a gagné. Quand le jeu est fini et que les vainqueurs reviennent dans leur propre campement avec la balle, les femmes, pour marquer leur joie, font un claquement de langue appelé taghilit. . 

Takourth en Kabylie 

D'après Jean Servier, en Kabylie, ce jeu porte trois noms ; « taghulalt » en Grande Kabylie (région de Fort-National) , « dabagh»  en Moyenne Kabylie (région d'Azazga) , «asheffar » Kabylie Maritime (Iflissen). Comme chez les chaouis, le jeu de Takourth opposent tantôt deux moitiés traditionnellement opposées d'un village, « moitié d'en haut » contre « moitié d'en bas », tantôt des hommes mariés contre des célibataire d'une même fraction. La confection de la balle varie d'une région à l'autre : elle est faite d'un morceau de la peau des bœufs  ou d'une rotule de bœuf, elle est en liège dans la région d'Azazga et porte alors le nom de « takhensht » note Jean Servier. « Chez les At Ghobri, … comme dans l'Ouest algérien, un seul joueur essaie de faire tomber la balle dans le trou, tous les autres l'en empêchent. Si la balle tombe, le joueur heureux la retire et la jette devant lui le plus loin possible, les autres doivent alors lancer le bâton à tour de rôle, en essayant de l'atteindre ; lorsque l'un des joueurs lance ainsi sa crosse, les autres crient : « atand-yelli-k » —voilà ta fille I —.Celui dont le bâton est tombé le plus loin de la balle doit à son tour essayer de la faire entrer dans le trou » . 

Takourth chez ichenwyen 

Chez les Aïth Hawa (Beni Haoua ,95 km au nord est de Chlef ) un trou est creusé au centre du terrain, ses dimensions sont celles du foyer d'une maison. L'un des joueurs désigné par le tirage au sort, cherche à faire entrer la balle dans le trou, tous les joueurs l'en empêchent ; s'il réussit à atteindre de son bâton l'un quelconque de ses adversaires, celui-ci doit prendre sa place. Lorsque la balle tombe dans le trou, les joueurs marquent une pause et crient : « issessu-it !»  il l'a fait boire ! puis ils ajoutent : « rebbi issessu-gh d-waman » Dieu nous abreuvera d'eau. 

Region de la Soimmam, 
Sali Mimya On l'appelle  " Thaqlajets " dans  les villages du versant Nord la Soummam. Il utilise une bouteille d'eau,a l'aide des bâtons on frappe la bouteille si tu touches quelqu'un,il sera éliminé.

Takourth chez les At Snus, les Béni Snous (Tlemcen) 

Pour le coup d'envoi, deux joueurs de chaque équipe se placent au milieu du terrain, un enfant prend la balle et dit : «Préfères-tu le ciel ou l'eau?», la balle est alors lancée en l'air ou en bas, suivant la première réponse qui a été donnée. Le jeu consiste à envoyer la balle dans les limites de l'adversaire, à travers ses lignes de défense. Lorsqu'un but a été ainsi marqué, les vainqueurs crient : «hmar ! » — âne ! —. Pendant la partie, des plaisanteries roulent entre les deux équipes : «Allez cueillir de l'herbe pour nourrir vos ânes I », etc. L'équipe victorieuse est celle qui, la première, a réussi à marquer douze «ânes » dans les buts. 

Takourth dans l'Atlas Blidéen 

Dans la Mitidja on l'appelle également Takourth , et comme dans les autres région , nous retrouvons les mêmes rituels . On joue à Takourth au début du printemps afin de conjurer la sécheresse "taɣarit" et présager une bonne récolte. Sur l'aire de jeu, qui est souvent illimité, les deux équipes se renvoient « taqcuct» ; la balle, à l'aide des « imejɣaf » (sing. imejɣaf ) , une sorte de longue crosse ou canne en bois au bout recourbé .

Thakourath aujourd'hui Déjà pendant les années 1960, Jean Servier avait noté que ce jeu tend à être remplacé par le football. Sous l'impulsion des associations culturelles, des parties de Takourth sont organisés chaque année dans l'Aurès, à l'occasion de Yennar et surtout des célébrations de « Thifeswin n Menaâ ». 

À Sétif :  ''laâbet el kora''.
Les femmes y jouent le 28 février. 
Ce jour là nous fêtons rabî ( le printemps  ); ce jour nous allons dans les prés et les endroits verdoyants pour ramasser el khodhra ( légumes ).
Les enfants emmènent leurs couffins décorés et colorés remplis de galettes spéciales printemps et des oranges, qu'ils vont faire rouler dans l'herbe.

Au Mzab, 
Ce jeu dénommé Tachourt existait aussi au Mzab jusqu'à l'indépendance, le bâton courbé s'appelle l'gouss.

A Bou-Saada, 
C'est un jeu ancestral qui se jouait dans la région de Bou-saàda, en témoigne la toile du peintre adoptif de cette ville Nasreddine Dinet figurant dans la publication et représentant des enfants jouant à ce jeu 
On l'appelle el gaous  القوس

Au Maroc ce jeu s'appelle  "Chirra". 
 C'est l'un des jeux ou sport  le plus ancien connus au Maroc. Règle du jeux: différentes tribus d'une région donnée se regroupent autour d'une boule de laine ou de doum et des bâtons de bois. C'est un jeu qui  ressemble beaucoup à une sorte de Hockey sur gazon. Le principe du jeu repose sur un match qui se déroule en deux mi-temps de 10 min chacune. Chaque équipe constituée de 5 joueurs.(
FACEBOOK, Fevrier 2023)

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