Il existait en 1830, autour et en dehors des remparts de la Medina d'Alger, des cimetieres qui occupaient une surface de plus de trente hectares. Ces terrains, comme tous les autres, devinrent l'objet d'operations commerciales de la part des envahisseurs.
Il y avait :
- le cimetière Turc sur la falaise de Bab Azoun
- le cimetière des pachas, a la sortie de la porte Bab El Oued ( actuel jardin Amar Ezahi ex Marengo,
- le cimetière des maures ( andalous) sur Les hauteurs de Bab Azoun,
- le cimetière des mozabites sur la pente du Telemty,
- le cimetière des juifs dans le faubourg de Bab El Oued,
En 1832, le génie militaire prit possession de ces cimetières. A ce moment, harcelé par nombre de spéculateurs, le duc de Rovigo concéda gratuitement a ces derniers, de grandes portions des terres de repos éternel. Parmi ces terrains, nombreux appartenaient a des familles algéroises.
Bientôt la création de l'esplanade de Bab El Oued nécessita la destruction du cimetière des pachas ( jardin Marengo). Le sol fut rabaisse de quatre vingt centimètres.
Une grande quantité d'ossements recueillis, en ces lieux, fut expédiée a Marseille ou il en fut fait du " noir animal".
NB :Le noir animal ou charbon d'os ou charbon animal est une matière riche en carbone obtenue « par la calcination à l'abri de l'air des os dans un creuset pour empêcher l'accès de l'air. Il est utilisé pour sa propriété de filtration qui permet la décoloration de certaines solutions.
Parfois les exhumations furent prématurées.
" j'ai reconnu, dit le docteur Segaud, a bord de la bombarde" la Josephine", qui arrivait d'Alger chargee d'os ; des cranes humains, des cubitus, des femurs de la classe adulte, recemment deterres et n'etant pas entierement prives des parties charnues". ( lettre publiee par le journal" Le Semaphore de Marseille" le 2 mars 1832).
Ce fut avec les debris de marbre des tombes de ce cimetiere que l'on éleva 6 moulins a vent.
En plus, Icosium avait en effet, là, l'une de ces nécropoles. Plusieurs chambres de sépulture pourvues de Colombaria, ( urnes cineraires) y furent decouvertes.
Une inscription exhumée exprime ceci:
" Aux dieux Manes, Titus, Flavius Sextus, soldat de la IVem Legion Felix Flavia. Il servit 26 ans et en vecu 50, Flavius Restutus, son heritier, lui a fait elever ce monument dont il etait bien digne".
NB : sous le Lycee Emir existe encore une chambre mortuaire romaine.
En meme temps que les tombes de Bab El Oued, celles de Bab Azoun furent egalement saccagees. On en detruisit des centaines, au dela de la Porte Neuve, pour la construction de la route de Fort 'Empereur.
Celles situees le long des remparts, puis celles situees sur la rampe d'umont d'Urville, de la rue d'Isly, de la rue Marechal Soult, furent également détruites.
En meme temps, on detruisit un si grand nombre de maisons mauresques que Hamdan Khodja a dit : " il ne nous restera bientot plus aucun lieux pour vivre, ni pour mourir... ".
Nous mentionnerons encore ici, le cimetiere historique des Moudjahidines, sur la plage d'Hussein Dey ( actuelle sablette), ou furent inhumes deux cent moudjahidines tues là, lors du debarquement d'Oreilly, en 1775.
Ce cimetiere etait autrefois pourvu d'une cloture et avait, en son centre, un haut palmier. Un cimetiere chretien fut cree a sa place. NB : Le cimetiere chretien existe toujours pres de la voie ferree.
Source : henri Klein " feuillets d'El Dzair"
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