mardi 9 mai 2023

En 1830, tous les Algériens savaient lire, écrire et compter, et la plupart des vainqueurs, avaient moins d’instruction que les vaincus.

« Les Algériens sont beaucoup plus cultivés qu'on ne croit. A notre arrivée, il y avait plus de cent écoles primaires à Alger, 86 à Constantine, 50 à Tlemcen. Alger et Constantine avaient chacune six à sept collèges secondaires, et l'Algérie était dotée de dix zaouia (universités). Chaque village ou groupe d'habitants avait son école. Notre occupation leur porta un coup irréparable. Du moins, les avions-nous remplacées ? Nous apportions à ces peuples les bienfaits de la civilisation, et de nos mains s'échappaient les turpitudes d'un ordre social usé. Nous avons débordé en barbarie les Barbares qu'on venait civiliser.» (Campbell en 1835) 
Nous devrions ajouter une précision sur le fait que dans les campagnes les plus éloignée  (les hauteurs du  Djebel) l'enseignement était forcément moins répandu. 

« Notre seule supériorité sur eux, c'est notre artillerie, et ils le savent. Ils ont plus d'esprit et de sens que les Européens, et on trouvera un jour d'immenses ressources chez ces gens-là, qui savent ce qu'ils ont été et qui se croient destinés à jouer un rôle ». (Rovigo)

« Ce qu'il faut, c'est donner des livres à ce peuple curieux et intelligent. Ils savent tous lire. Et ils ont cette finesse et cette aptitude à comprendre qui les rend si supérieurs à nos paysans de France. »
(Tocqueville)

📓 En 1850, le ministre de la guerre Alphonse Henry d'Hautpoul écrivait :
« Au moment de la conquête, les études musulmanes étaient dans une situation de prospérité relative ; elles se divisaient en plusieurs branches : 

1° L'instruction primaire, qui consistait à apprendre aux enfants entre l'âge de six à dix ans, les premiers éléments de la religion, et en même temps, pour une partie d'entre eux, les principes de la lecture et de l'écriture. Le local de l'école était presque toujours attenant à une mosquée, et faisait partie des biens immeubles substitués aux établissements religieux. La grande majorité des enfants arabes, dans les villes et les tribus, recevait l'instruction primaire.

2° L'instruction secondaire, comprenant la lecture et l'explication du Coran et les études grammaticales élémentaires, était en général suivie par les enfants appartenant à la classe aisée, entre l'âge de dix à quinze ans. Cet enseignement de donnait dans des locaux dépendant des mosquées, et particulièrement dans les chapelles appelées zaouïa. Les élèves ne payaient qu'une rétribution pour ainsi dire facultative et presque toujours en nature. L'enseignement secondaire et des hautes études étaient gratuits.

3° Les hautes études qui se composaient de cours de droit et de jurisprudence, de théologie, de traditions religieuses et de quelques notions d'arithmétique, d'astronomie, de géographie, d'histoire, d'histoire naturelle et de médecine ; ces espèces d'universités (medressa) formaient aussi une dépendance d'une mosquée. Quelques-unes offraient un certain nombre de cellules où les étudiants logeaient gratuitement ; on leur donnait, en outre, des prestations en nature sur les revenus des mosquées. Les jeunes qui fréquentaient les medressa appartenaient presque exclusivement aux familles lettrées et vouées à la vie religieuse ».

📓 Le juriste Maurice Poulard quant à lui, affirmait en 1910 dans sa thèse de doctorat intitulée « l'Enseignement pour les Indigènes en Algérie », que : 
« sans aller jusqu'à comparer les anciennes médersas aux universités du Moyen Âge, il est vraisemblable de croire qu'au XIV et XVe siècle, l'Algérie a possédé dans certains centres, des foyers d'activité intellectuelle assez brillants ; la philosophie, la littérature, la médecine, la grammaire, le droit musulman et l'astronomie était enseignés par des professeurs capables et autorisés. Les médersas musulmanes sont très anciennes et se développer vers le commencement du Ve siècle de l'hégire. On appelait de ce nom des établissements d'enseignement supérieur fondés par l'initiative privée, dotés par la générosité des musulmans amis des lettres, aptes à recevoir des dons et legs et qui portaient le nom de leurs fondateurs. La mosquée est médersa de Sidi Bou Mediene à Tlemcen est l'un des plus pur joyau musulman construit en 747 de l'hégire, 1346 de Jésus Christ, qui fut une des écoles les plus célèbres et les plus fréquentées de l'Occident ».

📓 Colette et Francis Jeanson affirmèrent dans « L'Algérie hors la loi » que « la régence, qui compte plus de 2.000 écoles, possédait plusieurs universités à Alger, Constantine, Tlemcen, Mazouna».

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