SELECTIONNEZ VOTRE WILAYA

vendredi 8 juillet 2022

Msila: diverses utilisations de la peau du mouton du sacrifice

La peau du mouton du sacrifice revêtait une grande importance pour les familles rurales vu son utilisation à des fins diverses (tapis, outres...), après un traitement de plusieurs étapes.

Ainsi, en Algérie mais aussi dans les pays du Maghreb, le sacrificateur du mouton de l'Aïd El-Adha s'attachait à retirer la peau entière sans l'inciser, alors qu'en Orient la peau de la bête est entaillée depuis le cou jusqu'au bas ventre, une pratique qui permettait au premier de faire divers usages de la peau, contrairement au second.

Toutes les familles, dans la campagne comme en ville, traitaient les peaux de mouton pour en faire des tapis appelés "El Hidoura", les femmes rurales les traitaient  donc pour en faire, entre autres, "Guerba" (une outre) notamment quand l'animal sacrifié est un chevreau.

Le traitement de la peau passe par plusieurs étapes. Pour cela, les femmes utilisent de grandes quantités de Guetrane (l'huile de cade) qui aseptise la peau et empêche la putréfaction.

La Guerba pour rafraîchir l'eau

El Guerba a été pour les Algériens, et  les habitants du Hodna, un moyen de rafraîchir l'eau, une sorte de "réfrigérateur"  toute en lui ajoutant l'arrière-goût  de l'huile de cade. La peau de mouton, notamment celui  de l'Aïd, est utilisée pour fabriquer la Chekoua pour transformer le lait en petit lait (leben).

Contrairement à la Guerba, la peau est laissée se putréfier pour éliminer la laine, un procédé de plusieurs étapes dont la première est d'enduire la peau de sel. A terme, après  deux semaines, la laine est enlevée.

La peau est ensuite traitée avec de l'écorce de pin pour la dureté, lui faire tourner sa couleur vers le rouge et éliminer les odeurs du cuir. Par tradition, les ouvertures de la peau sont ensuite soigneusement fermées avec des morceaux de bois et un fil spécial solide qui sert à accrocher la chekoua pour le barattage nécessaire à l'obtention du leben et du beurre.

Quant au "Mezoued"

il est conçu, selon des sources populaires, avec la peau de la bête sacrifiée le jour de l'Aïd, traitée de manière à obtenir un cuir rigide qui sert à conserver la semoule de blé pour des périodes plus longues que ce que permettent les moyens de stockage modernes. Et lorsque la peau du mouton est utilisée pour conserver le beurre, elle prend l'appellation d'"El Aka". Le beurre ainsi conservé devient "D'hane" qui sert à agrémenter divers plats traditionnels, et pour cela la peau destinée pour D'hane exige une utilisation à bon escient du sel, seules les plus chevronnées des femmes possèdent les secrets. 

"Lebtana", stockage des dattes

Comme autre usage de la peau, il y a aussi "Lebtana" qui sert au stockage des dattes molles (Ghars) durant plusieurs années. Après son traitement, la peau est de nouveau réhydratée pour être ramollie et pour cela, l'on préfère utiliser les peaux de béliers qui sont plus volumineuses pour conserver de plus grandes quantités de Ghars ou Adjoua.

Jadis, les producteurs de dattes sillonnaient les régions du pays pour acheter des peaux rigides en vue d'y conserver leurs récoltes de dattes molles.  Le terme "Lebtana" (peau chargée de Ghars) est souvent utilisé pour désigner une personne obèse.

L'autre "Mezoued" ou "Zorna"

Quant au "Mezoued", il désigne également un instrument de musique traditionnel à vent (sorte de cornemuse) également appelé Zorna. Deux cornes de taureau sont fixées aux extrémités de la peau (de très jeunes chevreaux de préférence) pour produire des sons mélodieux sans exiger de grands efforts du musicien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Guelma, "Hammam Debagh, entre légendes et vertus curatives exceptionnelles"

  "Guelma et son trésor thermal : Hammam Debagh" Le hammam le plus célèbre de la wilaya de Guelma est le   Hammam Meskhoutine   (a...