Abdelmadjid Tebboune avait été nommé premier ministre .
À la surprise générale, il avait remplacé à la tête du
gouvernement dans lequel il était ministre de l'Habitat - Abdelmalek
Sellal, considéré comme l'homme de confiance d’Abdelaziz Bouteflika.
Les diplomates notamment français ne comprenaient pas le
choix de Tebboune comme Premier ministre, alors que
Sellal était bienveillant et semblait solide et fiable (Tiens
tiens !).
Flash back
En présentant son programme, il avait promis une
«séparation entre l'argent et le pouvoir». Joignant les actes aux
paroles, il avait adressé une série de mises en demeure à plusieurs
grandes entreprises adjudicataires
d'importants marchés publics d'infrastructure, jugeant les chantiers en
retard et menaçant de résilier les contrats. Parmi ces entreprises
figurait notamment l'Entreprise des travaux routiers, hydrauliques et
bâtiments (ETHB), propriété d'Ali Haddad, puissant chef du Forum des
chefs d'entreprise et ami
revendiqué de Saïd Bouteflika.
Emporté par sa fougue, il avait même publiquement infligé
un camouflet au puissant Ali Haddad en exigeant son départ d'une
cérémonie officielle !
Cet épisode avait été largement relayé par la presse et
avait alimenté la chronique plusieurs semaines : Abdelmadjid Tebboune a
osé toucher aux intérêts de certains oligarques (...)
Abdelmadjid Sidi Saïd, le puissant patron de la centrale
syndicale a manifesté publiquement sa solidarité avec Haddad et mis au
défi le premier ministre, mais Abdelmadjid Tebboune se croyait tout
permis, pensant qu'il était protégé par le chef de l'État ( quand les
masques tombent !).
Il a encore accéléré ses attaques contre ces oligarques
qui s’impliquaient dans les affaires du gouvernement
notamment Ali Haddad , à
coups de mises en demeure, mais aussi Abdeslam Bouchouareb ministre de
l’Industrie dont il a bloqué plusieurs projets d’usine de montage des
véhicules. Il s’en est pris aussi très juteux secteur agroalimentaire en
ciblant la richissime famille des Benamor.
La pugnacité de Tebboune lui vaut un succès populaire,
mais provoque indirectement le regroupement hostile de tous les
oligarques .
Tebboune a sous-estimé cette dimension politique .
Chronique d'une chute annoncée
Tout a commencé par une série de décision à l’encontre
d’investisseurs privés auprès desquels Abdelmadjid Tebboune réclamait le
remboursement de quelque 40 milliards de dollars de crédits contractés
auprès des banques publiques. Cela lui a valu une réaction de Ali Haddad qui lui rappela
que l’Etat lui devait plus de 1000 milliards ! Ce à quoi Tebboune
répondra, que plus de 100 projets confiés au patron de l’ETRHB étaient à
l’arrêt et qu’il était mis en demeure de les relancer.
Et c’est le moment choisi par la chaîne Ennahar TV pour
révéler que le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika serait mécontent de
l’action et de la méthode de ce premier ministre.
Tebboune, Gaïd Salah, même combat ?
De l’étranger où il se trouvait, Tebboune minimise les
risques de sa chute. Il croit savoir que l’institution militaire dirigée
par le général-major Ahmed Gaïd Salah le « protégera de manœuvres
clandestines de ses ennemis ».
Il se murmurait alors que le chef de l’Etat major de
l’ANP n’appréciait ni Ali Haddad, non sans de solides raisons, encore
moins les autres oligarques nouvellement riches.
La chute !
Le limogeage du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, en
fonction depuis trois mois seulement, semblait inéluctable puisqu’il a
été remplacé par Ahmed Ouyahia. Il a voulu démontrer qu’il est le
véritable patron en écartant trop hâtivement les oligarques les plus
influents. Il n’a même pas essayé de ménager quelques-uns ou de pactiser
avec certains d’entre-deux ...contre d’autres. Il a tout simplement
déclaré la guerre à tout le monde.....
De la nouvelle, la presse nationale a fait ses choux gras :
« Le changement de gouvernement le plus rapide de
l'histoire de l'Algérie », titrait le quotidien arabophone El-Khabar,
estimant comme de nombreux observateurs que M. Tebboune a payé son
conflit ouvert avec de puissants hommes d'affaires liés au pouvoir. En
s'attaquant aux oligarques, « Tebboune a suscité l'admiration dans
l'opinion publique », mais a déclenché une « campagne de dénigrement »,
estime El-Khabar.
« Chronique d'une chute annoncée », titrait le quotidien
francophone Liberté, qui explique que « rien n'indiquait que son
opération dite mains propres se serait révélée fructueuse » et que
« pour les plus pessimistes, son action même [...] allait vite
contribuer à sa destitution ». « L'erreur de Tebboune a été de vouloir
séparer l'argent de la politique d'une part et de s'en prendre à la
filière import-import d'autre part », écrit son éditorialiste, en
référence aux récentes mesures limitant les importations.
Selon l'autre quotidien francophone El-Watan, «en
demandant des comptes aux hommes d'affaires » M. Tebboune savait « qu'il
allait se heurter à une farouche résistance », et la popularité qu'il
en avait tirée était devenue « handicapante » au sein du régime. Ce
« limogeage inélégant » montre que « c'est l'argent qui commande »,
regrette El-Watan, dont l'éditorialiste voit dans le mandat de M.
Tebboune une suite « d'intrigues, de rumeurs, de coups bas et surtout de
signes apparents de la déliquescence avancée qui frappe les plus hautes
institutions du pays ».
Selon le Soir d'Algérie, « la chute inéluctable du
gouvernement Tebboune a finalement eu lieu plus tôt que prévu », mais
« la campagne féroce menée contre lui par Bouteflika et son entourage ne
laissait effectivement pas le moindre doute quant à son limogeage ».
Pour le quotidien arabophone Ennahar, les « plaintes des
walis et opérateurs économiques » concernant la politique du Premier
ministre ont « poussé le président [Bouteflika] à intervenir pour mettre
fin au chaos ».
Et la palme est revenue au quotidien
francophone L'Expression qui s’est réjouit de l'arrivée d’Ouyahia à la
tête du gouvernement .
L’oligarchie bien évidemment savoure sa victoire !
Le président du forum des chefs d’entreprises FCE Ali
Haddad a profité de la tenue de l’assemblée générale du Forum des chefs
d’entreprises (FCE) afin de régler ses comptes avec l’ancien Premier
ministre Abdelmadjid Tebboune, en le qualifiant de « prédateur » !
Ali Haddad fier comme Artaban avait tenu à exprimer sa
gratitude au Premier ministre Ahmed Ouyahia pour le « privilège dont
nous a gratifiés accompagné de huit (08) membres du Gouvernement lors de
notre Université », une action qui ne peut que « s’interpréter, que
comme la reconnaissance de cet effort et de ce travail accomplis par le
Forum ».Il a aussi souligné le grand soutien de l’organisation aux
autorités et à « leur tête, Son Excellence le Président de la
République Abdelaziz Bouteflika – au dialogue sérieux et constructif
avec les chefs d’entreprise ».
Abdelmadjid Tebboune : les évènements ne lui ont-ils pas donné raison ?
Où sont-ils à présent les Ouyahia, Sellal, Haddad, Tahkout,
Kouninef, Oulmi et tant d’autres hommes d’affaires qui faisaient la
pluie et le beau temps en Algérie ? Qui s’accaparaient de tous les
marchés publics ? Qui prenaient l’argent directement des banques
publiques ? Est- ce à dire que Abdelmadjid Tebboune était dans le vrai ?
Que son combat n’était pas douteux ?
Quand le chef d’Etat major, Ahmed Gaïd Salah part en guerre
contre la corruption ne rappelle-t-il pas, de manière significative la
ligne d’action prise par l’éphémère premier ministre qui se croyait
suffisamment appuyé pour se lancer contre l’argent sale ?
Le fils tebboune , maillon faible ?
L’amitié qui lie le père de la présidente du tribunal de Sidi M’hamed à Tebboune cause un véritable problème pour deux raisons. D’abord, l’affaire de Khaled Tebboune, le fils d’Abdelmadjid Tebboune qui croupit à la prison d’El-Harrach depuis l’été 2018 en raison de ses affaires douteuses avec le milliardaire “Kamel le Boucher”, le principal suspect dans le scandale de la cocaîne du Port d’Oran, est toujours en suspens au niveau du tribunal de Sidi M’hamed.. Nous sommes de ce fait face à une situation de véritable conflit d’intérêt au regard de la proximité de Dounia Guellati avec la famille Tebboune.
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