samedi 9 mars 2019

La candidature de Bouteflika, c’est le système qui est visé !

Quel étrange régime que cette dictature sans dictateur ! En Algérie, pas de Bachar Al-Assad, ni d’Abdel Fattah Al-Sissi qui incarnerait aux yeux du monde la cruauté d’un pouvoir sans partage. Abdelaziz Bouteflika, lui, ne fait peur à personne. Nul n’ignore qu’il n’est un problème qu’en apparence.
Comme tous les soulèvements populaires, le mouvement qui, en quelques jours, a gagné le pays, d’est en ouest et du nord au sud, est parti d’un prétexte. Ce qui a mis le peuple dans la rue, c’est l’absurde prétention du régime à entretenir pour cinq ans encore la fiction Bouteflika. Voilà le point de départ. Nul ne peut prédire jusqu’où la révolte ira. C’est le système qui est visé. Une pieuvre qui vampirise le pays, accapare les dizaines de milliards de dollars, fruit des exportations d’hydrocarbures. Ce qu’on appelle « la rente ». D’énormes profits, au défi d’une population jeune plongée dans le chômage et la misère. Mais les profiteurs ne sont pas seulement des affairistes algériens. Des multinationales, et avec elles des capitales étrangères, ont tout intérêt à la préservation du système.
 Dans la rue, une jeunesse pacifique, née à la fin des années 1990, et qui rêve de justice sociale et de démocratie. En face, au pouvoir, ou dans l’ombre du pouvoir, une caste militaro-financière d’un autre âge, qui a appris la ruse et la violence à la double école de l’armée coloniale française et du KGB, où les plus anciens officiers ont fait leurs classes. Un savoir que ces militaires et cette police – les « services », comme on dit en Algérie – ont mis en œuvre pendant la « sale guerre » des années 1990, lorsqu’après avoir brutalement interrompu le processus électoral avec leurs chars, ils ont imputé aux islamistes des massacres qu’ils ont très souvent commis eux-mêmes.
 Le régime est capable de la violence de la bête blessée. Ce n’est pas son premier choix, mais c’est une option toujours possible si le sacrifice probable de Bouteflika ne suffisait pas à disperser un peuple en colère. L’actuel mouvement a une force. Il vient du fond du peuple, via les réseaux sociaux. Comme en 2011 en Égypte, mais plus massif encore, et étendu à toutes les villes. Il a une faiblesse : l’absence d’opposition démocratique qui puisse rapidement relayer la mobilisation. Le régime a anéanti toutes les oppositions véritables.
En 1988 l’Algérie a inauguré (en octobre) les « printemps arabes », avant le coup de force de janvier 1992. Ce serait une belle leçon que ce pays achève le travail démocratique et fasse la démonstration que le monde arabe peut échapper à la froide alternative entre islamisme et dictature militaire.

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